Small is beautiful. Alors que la plateforme nationale des interceptions judiciaires (Pnij) est régulièrement accusée d’être une usine à gaz, un gendarme du Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N) et un apprenti viennent de développer à quatre mains une belle fonctionnalité pour faciliter le travail d'enquête sur les.
Ce nouvel outil s’appelle Geofadet. Cette application de géopositionnement des factures détaillées devrait être synonyme d’une belle simplification. Adieu en effet l'épluchage d'une longue liste rébarbative de coordonnées géographiques. Les enquêteurs pourront désormais visualiser sur une carte le tracé d’un téléphone mobile dans le temps et dans l’espace. Générée par le logiciel libre Qgis, la carte de Geofadet permet par exemple de suivre deux suspects en même temps, pour par exemple déterminer des points de rencontre.
La Pnij travaille aussi sur cette fonctionnalité
Avec cette application, les gendarmes, avec un investissement modique – le financement d’un apprenti sur deux ans – ont pris de vitesse pas mal de monde. D'abord leurs camarades puisque la Gendarmerie avait lancé un appel d'offres au printemps. Sans lendemain pour le moment, il portait sur une solution logicielle spécialisée dans l'analyse des données de téléphonie. Ils ont surtout été plus rapides que les ingénieurs de la très chère plateforme nationale des interceptions judiciaires, au coût estimée d’environ 150 millions d’euros à la fin de l’année 2017.
Ces derniers planchent en effet eux aussi sur le géopositionnement des factures détaillées, les fameuses fadettes ! Mais la nouvelle fonctionnalité ne devrait être expérimentée dans la Pnij qu'au début de l’année. Soit plusieurs semaines après la mise en service de Geofadet... Le serveur qui fera fonctionner cette application est en effet en cours de livraison à Cergy-Pontoise. De quoi augurer d’un démarrage très prochain du service.
Certes, le géopositionnement des factures détaillées n’est pas la fonctionnalité admet Damien Martinelli, le directeur de l’agence nationale des techniques d'enquêtes numériques judiciaires (Antenj). Mais les ingénieurs de la Pnij avaient des mises à jour plus urgentes à réaliser. La nouvelle version 1.4, sortie en novembre, apporte par exemple des explique ce magistrat.
Travail bâclé
Les gendarmes du C3N n’ont cependant pas chômé avec Geofadet. Le matériau d’origine fourni par les opérateurs de téléphonie nécessitait en effet un gros travail de remise en forme. Longitudes et latitudes parfois inversées, français mêlé à l’anglais: c’est de l’avis d’un spécialiste, un travail de développeur bâclé. Concrètement, l’application des gendarmes raffine et met en forme une donnée brute, les coordonnées géographiques fournies par les opérateurs.
Une programmation informatique qui n’a pas été facilitée par le contenu sensible des réquisitions judiciaires. Pour Geofadet, le gendarme du C3N en charge du projet a pu avancer en travaillant avec des réquisitions d’affaires qu’il suivait. Enfin, l’accord d’un magistrat a été nécessaire pour alimenter l’application avec davantage de réquisitions judiciaires. Un volume qui a été indispensable pour fiabiliser le logiciel maison des gendarmes.
Gabriel Thierry.