Ascension du Mont Kinabalu

Nous revenons tout courbaturés du Parc National du Kinabalu, où nous avons gravi le mont éponyme.

Le Mont Kinabalu figure sur la liste des sommets dont nous voulions tenter l'ascension. Il s'agit d'un beau prélude, puisque malgré son élévation importante (il domine l'Asie du Sud-Est du haut de ses 4095 m), il ne présente aucune difficulté technique. Descendre et monter peut se faire en moins de trois heures si l'on souhaite monter sur le podium de la course annuelle, en une journée si l'on est pressé et en bonne forme, ou comme nous en deux jours.

Jour 0 : Préparations

Afin d'éviter les déconvenues administratives, nous avions prévu d'arriver la veille. Atterrissage à Kota Kinabalu un peu avant midi, taxi jusqu'au terminal des mini bus, dans l'un desquels on s'entasse avec 4 autres passagers, dont une femme enceinte. Sur notre route un bouchon dû à un accident (où la dépanneuse arrive avant les pompiers) et nous mettons 4 heures pour aller jusqu'à l'entrée du parc, au lieu des deux prévues. Nos jambes sont, avant même d'avoir posé le pied sur la montagne, fusillées par la station accroupie plus qu'assise qu'il a fallu tenir.

Nous prenons notre chambre reservée dans un B&B sans B (pas de petit-dèj, quoi) juste à l'extérieur du parc (ce qui fait baisser les prix de 75%) et nous filons au bureau pour régler la paperasse. Au premier bureau, il faut presqu'un quart d'heure au manager pour retrouver trace de notre réservation. De ce que je comprends, c'est parce que nous ne sommes pas passés par une agence de voyage. Il nous signale qu'il faudra repasser demain pour obtenir les coupons repas. Heureusement, ils sont ouvers 24h/24, si l'on arrive assez tôt cela ne nous mettra pas en retard pour débuter l'ascension.

Au second bureau, pour le permis, il faut également repasser le lendemain matin, d'une part car la préposée ne veut pas imprimer les permis maintenant, et d'autre par car le bureau des guides (obligatoires) est fermé, c'est vrai qu'il est 16h15. Ouverture promise à 6h50 le lendemain. En quittant le bureau pour regagner nos pénates, après avoir accompli à peu près rien, nous remarquons que le magasin du parc, ouvert quand nous avons commencé nos démarches, vient de tirer le rideau par dessus un panneau anonçant pourtant la fermeture à 17h00. Pouët.

Jour 1 : Jusqu'au refuge

En forme et motivés, nous recommençons dès 6h30 les démarches infructueuses de la veille. Il nous faut batailler contre une réservation à nouveau égarée, jouer des coudes avec les candidats à la montée en une journée, anxieux de partir le plus tôt possible car ils n'ont que 6 heures pour atteindre le sommet avant d'être obligés de faire demi tour par leur guide, et finalement il nous faut reconnaître notre nom mal orthographié pour nous voir enfin délivrer le permis et rencontrer notre guide qui bien que fort souriant et efficace comme nous nous en apercevrons, ne parle que quelques mots d'anglais.

parti
C'est parti !

A 7h55, nous prenons enfin la route, le pente est forte, et n'en déplaise à Raffarin la route n'est pas droite. Ca zigzague d'abord dans la jungle, puis la végétation se fait de plus en plus rabougrie. La température, déja clémente par rapport à la moyenne de l'île, diminue au fur et à mesure, puis tombe franchement quand nous rentrons dans les nuages. Cela nous convient très bien et nous pouvons grimper confortablement. Notre départ matinal, bien que retardé, nous a placé en tête du peloton, et après avoir laissé passer dès le début les grimpeurs à la journée, nous montons les quelques premiers kilomètres seuls ou presque, avant de croiser les vainqueurs de la veille qui commencent à redescendre. On croise aussi l'un des grimpeurs à la journée que son guide a obligé à rebrousser chemin. Il ne pourra pas ressayer le lendemain, puisqu'il prend l'avion. On se dit que l'on a bien fait de prendre deux jours, ça nous aurait ennuyé de devoir faire demi tour. L'heure avance, mais nous sommes si près du refuge que nous décidons de pousser jusque là, et nous arrivons un peu après midi en même temps que les premières gouttes de pluie.

Changement agréable, le personnel du refuge est sympathique et compétent, et l'on déjeune puis nous prenons nos chambres et passons l'après midi à nous prélasser avant de nous coucher à l'heure des poules car demain...

Nuit 1 : Branle bas à 02h00 !

sommet
La photo au sommet avec notre guide.

Levés promptement, nous allégons nos sacs (plus de 10 kg au départ à cause de l'eau qu'il nous a fallu emporter, doutant de la potabilité de celle disponible sur le chemin, c'est trop pour le sommet) et après avoir avalé un petit dèjeuner frugal nous recontrons notre guide à l'heure prévue la veille, 2h30. Il se met alors à marcher à une allure de dératé sur les marches qui montent vers la ligne où la végétation laisse place à la roche nue, doublant ses collègues et leurs clients dès que le chemin s'élargit. On le suit en se demandant si l'on appelera les secours à cause de la crise cardiaque ou de la chute. Complètement hors d'haleine et ébloui par les frontales des autres grimpeurs, je me demande un peu ce que je fous là. On comprend rapidement cependant : nous étions presque les premiers partis et grâce à ce sprint nous voilà le deuxième groupe. Nous attaquons le plateau sommital complètement seuls (les premiers sont déjà au sommet) tandis que derrière nous ça piétine dans les goulots d'étranglement qui jalonnent le chemin. Passés les quelques passages raides à l'aide d'une corde fixe, le guide nous imite et éteint sa lampe. Nous voilà seuls, à la lumière de la Lune, avec juste le bruit de nos pas et de notre respiration. L'ambiance est féérique. En se retournant on a vue jusqu'à la mer, et l'on distingue clairement les éclairs d'un orage violent au dessus de Kota Kinabalu.

A mesure que l'on approche du sommet, l'on entend les éclats de voix joyeux de l'équipe arrivée avant nous, et l'on distingue le flash de leurs appareils photos. Nous finissons tout juste rattrapés par nos suiveurs, et nous installons vers l'Est pour prier Allah voir le lever du Soleil. Il est 5h00 et Paris ne s'éveille pas car ce n'est pas le bon fuseau horaire.

ombre
L'ombre du Kinabalu s'étend au delà du rivage.

Le lever de soleil est majestueux, et ses rayons sont bienvenus pour nous réchauffer. Le guide trépigne, lui non plus n'a pas chaud. Comme il monte ici trois fois par semaine il est un peu blasé. Après avoir fait la photo sommet de rigueur, où tout le monde se bouscule maintenant qu'il ne fait plus nuit, on entame la redescente. Malheureusement pour nous, quand on est au sommet on a jamais fait que la moitié du chemin...


Lever de soleil, une image par minute. A regarder en HD.

Après quelques acrobaties sur la corde fixe, on arrive au refuge où l'on prend rendez vous avec le guide pour dans une heure et un second petit déjeuner. On rend la chambre, on se charge comme des bourricots, et on l'on entame...

Jour 2 : La longue et douloureuse descente

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La corde fixe est bien pratique.

Il faut maintenant redescendre ce que l'on a monté la veille. Malgré les bâtons, on a vite mal aux jambes à descendre ces marches inégales et glissantes, et plus on avance, plus on ralentit le rythme.

On croise, qui montent, tout d'abord trois athlètes suants et haletants qui on déja fait presque les deux tiers du chemin. Leur guide les suit les bras croisés sans avoir l'air de souffrir. Eux n'auront sans aucun doute pas à faire demi tour. Suit un moment de solitude entre les derniers grimpeurs à la journée et les premiers en deux jours, assez peu nombreux d'ailleurs. L'on croise surtout le ravitaillement du refuge, monté à dos d'homme, sur des mécanismes dignes de ceux des sherpas de Tintin au Tibet (genre sangle sur la tête).

On se dit que deux rotations en hélico par semaine suffiraient à leur éviter de jouer à sisyphe, et qu'à tout prendre on préfèrerait monter avec duvet, tapis de sol, voire même notre propre nourriture, plutôt que de les voir s'escrimer à maintenir le confort d'un hôtel dans un refuge de haute altitude. M'enfin, c'est pas le style de la région.

Quand on arrive enfin en bas, l'on prend congé du guide, décline l'achat du certificat d'ascension et l'on part se restaurer avant de boîter jusqu'à la chambre.

Jour 3 : Courbatures

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Après l'effort le réconfort.

Globalement, nous sommes extrêmement satisfaits de cette petite aventure, la dernière partie de nuit jusqu'au sommet étant particulièrement magique. On aurait raté ça si l'on avait maintenu notre projet de tenter l'ascencion à la journée.

Seuls points noirs, l'administration déplorable du parc par Sutera et l'exploitation des locaux dans des travaux de force plus ou moins inutiles. Ces parcs ressemblent un peu aux parcs nationaux à l'américaine où tout est préparé pour aplanir les diffcultés et garantir le confort, mais sans les moyens ni la rigueur. Je préfère le modèle Français des refuges rustiques et des parcs gratuits.

Le guide, qui semblait aussi devoir nous peser, s'est révélé extrêmement discret, efficace et jovial, même si quasiment muet. On ne regrette pas de l'avoir eu avec nous, même si nous n'aurions pas utilisé ses services si nous n'y avions pas été obligés.