L'ascension du Kilimandjaro

Nous nous sommes hissés sur le toit de l'Afrique, non sans quelques complications.

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Le Kili en fond.

Après un bref passage par Paris pour changer nos piolets et crampons contre nos maillots de bains, nous voici bien arrivés en Tanzanie. Nous avons au passage récupéré Zoé (avec beaucoup de plaisir), la soeur de Loulou, à Dar Es Salam.

A peine arrivés, nous prenons le bus façon polé polé (mode tortue en swahili) et par la même occasion découvrons sans transition la vie tanzanienne et que le nombre de sièges existants est très loin du nombre de passagers possible ! Prenant nos quartiers à Moshi, nous nous mettons en quête de trouver l'agence la plus "pro" pour faire l'ascension du Kili avec juste un porteur pour les 2 premiers jours et notre propre matériel. Une fois le deal conclu avec la sosie de Woopie Golberg, les sacs chargés de vêtements chauds et de nourriture précuite, nous débutons la route par la porte Machame. Nous avons choisi un itinéraire de 7 jours permettant de multiples vues du sommet et du temps pour l'acclimatation et la descente. Nous partagerons ce trek avec Joshua et Nicholas nos guides (le minimum obligatoire pour un groupe de trois...) et Chabani le plus souriant de tous les porteurs (même si il ne parle pas un mot d'anglais).

Le long des 1200 premiers mètres de dénivelé dans la rain forest nous faisons tranquillement connaissance avec l'équipe. Le soir, nous prenons mieux conscience de ce qu'est réellement l'ascension du Kilimandjaro: nous sommes dans un camp avec 250 locaux pour une trentaine de touristes. C'est la ruche, il faut installer les tables, chaises, tentes, fournaux, aller chercher des litres d'eau au ruisseau... Ca donne le tournis! De notre côté c'est beaucoup plus simple: 2 tentes, 1 réchaud, juste le nécessaire.

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La photo-sommet obligatoire.

Le lendemain, nous montons de 1000m en traversant 2 couches successives de nuages. Le sommet est toujours invisible... La route ne présente pas de difficulté mais la densité de porteurs rend la marche pesante. Nous faisons alors comprendre à nos guides que nous avons besoin d 'un peu plus d'espace, au moins de leur part. Et là, c'est l'escalade: Joshua se vexe et les guides disparaissent d'un pas pressé. Arrivés au camp, nous les retrouvons et tentons d'appaiser les choses. Mais notre guide a la fierté mal placée. Après nous avoir traité de racistes rétablissant l'apartheid, nous avoir expliqué que les gens comme nous mourraient dans la montagne et nous avoir menacé de nous laisser dans la montagne (ce qui signifirait que nous aussi nous devrions redescendre...), nous sommes convoqués chez le ranger pour une médiation. Fort heureureusement, le ranger est quelqu'un de très calme, qui ne veut pas d'ennuis. Il remet notre guide à sa place, nous faisons profil bas. Nous décidons également de garder notre sympathique porteur jusqu'à la fin du trek, après avoir appris que personne ne lui avait dit qu'il ne resterait que 2 jours... Par la suite, Joshua resta braqué, se montrant désagréable voire carrément absent dans les moments difficiles. Nicholas, son assistant, et Chabani se sont en revanche montrés de plus en plus sympathiques tout en nous laissant notre autonomie.

Au troisième jour, nous rencontrons quelques difficultés avec cette acclimatisation express, bien loin des recommandations de l'Ifremont mais ça y est nous sommes au pied de la montagne. Nous avons dépassé le plafond nuageux et pouvons enfin admirer le glacier et même le mont Méru à quelques 150 km de là.

Le quatrième jour est passé à contourner la montagne à environ 4000m d'altitude. Sur notre route notre situation ne laissera personne indifférent. Etant les seuls touristes à porter nos sacs et faire notre nourriture, beaucoup de randonneurs nous abordent. Il y a les pour, qui nous encouragent et prennent de nos nouvelles régulièrement, les amusés (surtout chez les porteurs, "des blancs qui portent leurs sacs?!"), les curieux ("alors c'est possible?") et les hostiles partagés entre le fait qu'on n'y arrivera pas et le fait qu'on ne favorise pas l'emploi dans la région. Face à tous ces commentaires, nous décidons de consacrer l'argent économisé en ne prenant pas plus de porteurs pour aider une école de la région.

Cinquième jour, nous arrivons au "camp de base" à 4600m. Faits curieux pour un camp de base, c'est en fait le dernier camp et il n'a pas d'eau. Il faut donc prévoir suffisamment pour 2 jours dont le sommet. Pas une mince affaire pour tous les porteurs avec leurs seaux sur la tête mais personne ne se plaint.

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Fatigués mais contents.

Une heure du matin, le sixième jour: cette fois nous y sommes : c'est la dernière ligne droite vers le sommet. Une fois de plus c'est presque la pleine lune et nous montons lumière éteinte. Le spectacle est très beau... L'ascension durera 6 heures, au milieu de la file indienne de randonneurs ralentis par le froid de plus en plus intense, la faim et parfois le mal de l'altitude. Nous atteindrons le sommet au lever du jour, vers 7 heures, épuisés par cette marche nocturne ! Nous découvrons alors ce que nous avons contourné et convoité depuis 6 jours: le Kilimandjaro, son cratère immense et son glacier déchiqueté... Le toit de l'Afrique ! L'ambiance est très conviviale, tout le monde se congratule, ça fait plaisir à voir ! Vient alors le temps de la descente face à la vue et à la mer de nuage. Ayant beaucoup donné pour l'ascension, les forces commencent à nous manquer et revenir au camp est une autre épreuve... Après un bon repas et une sieste plus que méritée, nous finissons notre descente en 2 jours (4000m de dénivelé quand même!).

Avant de nous quitter nous distribuons les pourboires devenus quasi obligatoires et constatons avec regrets que qu'elle que soit la générosité des touristes, les guides et porteurs se montrent très insatisfaits voire même revendicatifs. Arrivés à la porte Mweka, nous récupérons nos certificats. Nous avons réussi, tous les trois!! Quelle satisfaction!!


Album photos :

Kilimandjaro